En 2017, en guise de vœux, je souhaite vous transmettre le témoignage plein d’espoir et de vie de Jean d’Artigues. Tétraplégique, atteint de la maladie de Charcot depuis 5 ans, cet entrepreneur de 53 ans a traversé l’Atlantique fin 2016 pour un exploit solidaire. Peu épargné par les épreuves de la vie, il parvient à garder le sourire et à cultiver l’optimisme. Entretien avec un fonceur un peu fou, grand amoureux de la vie.
Cette « Transat dans un fauteuil », c’était un rêve ?
Traverser l’Atlantique était un rêve de gosse. L’année dernière, je me suis dit que c’était peut être le moment de le concrétiser car, malgré la maladie qui avançait, j’avais les capacités pour y arriver. Ce défi complètement fou, il faut le dire, rejoint mon expérience de vie depuis que je suis malade qui est de repousser les limites sans cesse et de ne jamais renoncer. Toujours être capable de se dire que malgré les complications multiples qui s’ajoutent les uns aux autres, il y a moyen d’y arriver. Ensuite, le projet est devenu un projet solidaire pour porter ce message d’espoir à toutes les personnes atteintes comme moi de la maladie de Charcot mais aussi à vous, aux autres.
Vous avez passé 50 jours et 50 nuits en mer sur un catamaran de 16 mètres dans des conditions parfois éprouvantes. C’est votre mental d’acier qui vous a aidé à tenir ?
La traversée a a été physiquement très éprouvante pour moi. Il faut savoir que l’intérieur de mon corps est comme une bouteille d’eau. Ai-je un mental d’acier ? Je parlerais plutôt d’un mental en titane ! Bref, j’avais un objectif et il était hors de question que je l’atteigne pas. Ça s’est joué au mental car les douleurs et l’inconfort étaient permanents. J’avais à mes côtés un équipage formidable et attentionné
(2 navigateurs et 3 marins soignants) mais je savais que si je ne montrais pas que je tenais le coup, il prendrait la décision de me débarquer. Des incidents de parcours pouvaient surgir à tout moment. En mer, je suis passé entre les gouttes.
Quelle est la plus belle image que vous gardez ?
Pour moi, les deux plus belles images sont le départ le 9 octobre à la Trinité-sur-Mer et l’arrivée le 25 novembre au Martin à la Martinique. Tous ces gens qui m’attendaient. Ce projet n’a pu exister que parce qu’il y avait derrière une fantastique chaîne humaine, 500 personnes mobilisées, dont 45 bénévoles actifs sur 10 mois et une quarantaine d’entreprises qui ont soutenu le projet. Je garde aussi en mémoire des moments très forts en mer, cette sensation magique de danser sur l’océan.
Dès votre arrivée, vous avez dit : « La Transat n’est pas mon dernier défi ». Quel est le prochain ?
Dans un mois, je me remarie ! J’ai perdu mon épouse d’une maladie il y a 2 ans et demi. Puis j’ai rencontré Laurence, il y a peu. J’ai décidé depuis de début de la maladie d’aller à fond et de recevoir tout ce qui se présentait, le bon comme le moins bon. Le défi, c’est de savoir créer une nouvelle vie à deux. Oser créer du bonheur à deux, un immense défi, peut être le plus beau.
Quelle est cette force qui vous guide ?
Au moment du diagnostic, ma vie a chaviré en quinze minutes. On m’a dit l’essentiel : vous en avez pour deux ou trois ans ; il n’y a pas de traitement ; il faut réorganiser votre vie. Je ne savais plus où j’étais. Une force qui ne vient pas de moi est venue m’habiter. Elle ne m’a jamais quitté. Depuis cinq ans, j’ai fait en sorte de chasser la peur et la colère de ma vie. Malgré mes limites physiques, je suis plus fort aujourd’hui.
Un vœu pour 2017 ?
Pouvoir continuer à faire ce que je fais tous les jours : enchanter chaque jour. Malgré les aléas, il y a des jours ensoleillés dans mon cœur et dans ma tête et je veux pouvoir répandre ça autour de moi. Pouvoir témoigner qu’une vie comme la mienne, ce n’est pas une vie à foutre à la poubelle. Quand on a la volonté, les idées, l’énergie et que l’on est capable de les maintenir, la vie peut offrir un magnifique cadeau.
Engagé depuis 2013 en tant que Vice-président de l’Association Nationale de Recherche sur la Maladie de Charcot (www.arsla.org), Jean d’Artigues cherche à affirmer une passion de la vie sans faille.
Sa force : un humour ravageur face aux situations inédites rencontrées au quotidien.
Sa devise : « Bienheureux ceux qui savent rire d’eux-mêmes, ils n’ont pas fini de s’amuser ! » – Père Joseph Folliet
Embarquez avec Jean d’Artigues sur la Transat dans un fauteuil :
– en finançant la recherche via l’ARSLA : http://bit.ly/2clFfxe
– en le suivant sur son Blog : www.transatdans1fauteuil.org
– en l’aimant : www.facebook.com/transatdansunfauteuil/
– en lui envoyant un tweet : @TransatFauteuil (#transatdans1fauteuil)
– en lui écrivant : transatdans1fauteuil@gmail.com
– en regardant sa chaîne YouTube : http://bit.ly/1rHLUpE