Ils sont chefs d’entreprise et s’échappent le temps d’une journée à la rencontre de pêcheurs de moules, de pomiculteurs ou de charpentiers de marine. Surréaliste ? A l’heure du toujours plus vite, toujours plus haut, Frédérique Caron a eu l’idée géniale – et plutôt originale – de proposer à ces imminents dirigeants une journée off dans « le monde à l’endroit ». Se ressourcer pour récupérer énergie et capacité d’innovation, retrouver des valeurs simples et authentiques, se retrouver avec soi-même pour retrouver les autres, vivre autre chose, autrement… en bref, se recentrer sur l’essentiel. Immersion concrète dans un métier inhabituel, vécu et partagé avec une personne dont c’est le quotidien. Un remake 100% authentique de « Vis ma vie », sans filtre ni faux-semblants.
Il y a trois ans, Frédérique Caron a décidé de faire un break dans sa carrière. Ce besoin de « retrouver du rien », elle l’a trouvé dans « Le monde à l’endroit », qu’elle a créé en avril 2013 pour partager son expérience et « faire un truc qui vienne vraiment de moi ». Business plan à l’appui, elle imagine de proposer aux dirigeants une journée sans contrainte. Les premières journées sont concluantes. Les dirigeants sont conquis, des agences événementielles trouvent le concept innovant. Nous, on le trouve juste génial et c’est ainsi que nous avons eu envie de savoir qui se cachait derrière ce concept un peu incongru…
Une vie guidée par la générosité
Rencontrer Frédérique à l’heure du thé, c’est vivre un moment unique à deux, juste entre elle et moi. C’est aussi prendre le temps de l’écouter et prendre tout court une grande claque dans la gueule. Pardon pour l’expression mais je n’ai pas trouvé mieux. Tantôt drôle, tantôt émouvante, toujours généreuse, soucieuse de l’autre, quelle sacrée nana ! A 52 ans, cette « maman cool » de François et Arnaud, deux jeunes ados plutôt à l’aise dans leurs baskets, a vécu plusieurs vies. A son entrée dans l’âge adulte, la jeune dunkerquoise de bonne famille, issue d’une génération de chefs d’entreprise, commence à s’intéresser à la psychologie, au grand dam de ses parents. Pour elle, c’est pourtant, elle le sent déjà, une question de survie. « Je me suis aperçue que je n’étais pas comme les jeunes de mon âge. Je n’avais pas envie de faire la fête avec les autres. Mes copains profitaient de la vie, pas moi. Je l’ai compris très vite et j’ai voulu savoir pourquoi ». Début d’une longue quête et d’un travail sur soi encore inachevé…
Diplômée d’une école de commerce, Frédérique entame une brillante carrière dans la promotion et l’événementiel. Après quelques années consacrées à ses enfants, elle animera ensuite avec énergie le Club Gagnants à Lille, au plus près des chefs d’entreprise. « À un moment donné, j’ai senti que j’étais arrivée au bout. Je savais qu’un jour je créerai, mais je n’avais pas envie de me lancer trop jeune. Malgré mon caractère de fonceuse, j’avais envie de grandir. Quand j’ai senti que j’étais prête et libre à être indépendante dans ma vie professionnelle, j’a cherché une idée de création ». L’idée, la voici : offrir aux dirigeants d’entreprise de quitter l’essoreuse quotidienne pour faire un retour aux fondamentaux, à l’essentiel. « Au fond, cette idée est l’aboutissement d’un cheminement dans le développement personnel entamé avant l’âge de 20 ans. Le Monde à l’Endroit, je l’ai fait aussi pour moi ». Une fois par mois, Frédérique emmène une quinzaine de dirigeants vers ce monde à l’endroit, un voyage vers la simplicité. « Bienvenue, nous partons dans le monde à l’endroit et je pars avec vous », aime-t-elle leur lancer en guise de rituel. « S’ils sont là, c’est qu’ils sont prêts. Au fil de la journée, je les sens tout doucement lâcher-prise. Je capte un sourire, parfois hagard, leur panier de moules au bras ». Tous lui disent merci. Et encore merci. Elle se souvient d’une coach, devenue son amie, Florence Caillaud, en plein questionnement dans sa vie professionnelle, venue pour faire un break. « A la fin de la journée, elle m’a dit : j’ai trouvé dans la journée la réponse à ma question. Cette révélation l’avait mise KO. Elle avait pêché, nous étions le 23 décembre, il pleuvait, bref toutes les conditions du lâcher-prise étaient réunies ». Son plaisir à Frédérique, c’est d’offrir une « parenthèse enchantée » à ces dirigeants, leur permettre de vivre la vie d’un autre au plus près de la terre, du ciel ou du vent. « Lors de ces journées dans le Monde à l’endroit, j’irradie, je suis dans l’amour. J’ai le sentiment de faire un beau cadeau à mes dirigeants. Je suis heureuse de les voir heureux car j’en suis persuadée, les autres sont le miroir de nous-même », confie-t-elle.
L’astrologie, les lectures, les rencontres
« Qu’est ce que tu nous as fait évoluer ! », lui dit de temps en temps sa maman, celle-là même qui lui lançait à 16 ans : « Tu ne peux pas être comme tout le monde ! ». Parce que forcément la vie de Frédérique, comme celle de tout un chacun, s’est construite de hauts et de bas. « Même dans les coups durs je vais bien. Je suis dans la souffrance autant que dans la joie », reconnait-t-elle. Et en ce moment, Frédérique a des raisons d’aller bien, notamment parce qu’elle a été nommée récemment experte du très influent réseau APM (Association Progrès du Management). Pour être grandir encore et aller toujours mieux, elle suit aussi un cycle de méditation en pleine conscience (12 séances dans le silence dont une journée complète sans un mot), elle (re)-voit un psy « pourtant je vais bien », et puis aussi un chamane qui lui ouvre des portes avec son pendule. L’astrologie l’a beaucoup aidée, les lectures, les rencontres aussi. D’évolutions en régressions, Frédérique franchit les cycles de sa vie avec sérénité.
Et si demain, tout cela s’arrêtait ? « Ce ne serait pas grave car au fond je serais allée à l’essentiel. J’ai eu des moments tellement durs quand j’ai créé mon entreprise qu’à un moment je me suis dit : es-tu capable d’être authentique jusqu’au bout ? ». De cette période, elle se souvient des mains tendues : « On m’a proposé deux bons jobs de salarié, j’ai refusé. Ce n’était plus moi ». Elle se souvient aussi d’avoir eu faim. « Pendant un an et demi, j’ai fait des ménages chez des parents des copains. Je me sentie exister beaucoup plus que si j’étais redevenue salariée. Là, je l’ai vraiment vécu le monde à l’endroit. Je me suis même dit que mes copains, mes enfants allaient tous me lâcher. Certains m’ont rapporté des sacs de bouffe, d’autres m’ont dit « tu as été pour nous un exemple ». A partir de là, je me suis reconstruite. Et je suis prête à recommencer demain si besoin ! ». Quelle leçon de vie, la voilà, la fameuse claque ! « Mes enfants, les copains, tous m’ont dit leur fierté. Dans leur regard, j’ai vu comme une espèce de vie qui se remettait en route. Et comme par hasard, de grands chefs d’entreprise sont venus à moi peu de temps après et tout a repris. ». Aide toi, le ciel t’aidera…
Optimiste, oui ça elle l’est Frédérique. « Je vois toujours dans le malheur quelque chose à apprendre. c’est un peu ma nature. Je pense qu’il y a des gens plus pessimistes que d’autres mais l’essentiel est de le savoir. Plus tu apprends à te connaître et à t’aimer toi-même, plus tu apprends à aimer les autres et à les respecter. Ma nature est optimiste. Je n’ai pas peur de la vie, car je sais que quand on plonge, l’étape suivante nous permet de rebondir ». Très généreuse et sans barrière, bon témoin de « l’état d’être », Frédérique Caron veut bien être un « exemple », mais en aucun cas la fille qu’il faut regarder. Qui l’aime la suive…
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