Spécialisée dans la fabrication de matériel orthopédique et de prothèses, l’entreprise Régnier propose des solutions innovantes au service du handicap. Créée à Berck sur Mer en 1951, elle est aujourd’hui une référence en Europe.
Quand il reprend les rênes de l’entreprise Régnier en 1988, Jean-Yves Flageul sait que sa première mission sera de redresser cette PME familiale, en cessation de paiement. Pour cet autodidacte, fils d’agriculteur breton, la tâche est d’autant plus ardue qu’il n’appartient pas au monde de l’orthoprothèse. Mais il en faut beaucoup plus pour décourager notre homme, dont la stratégie tient en un seul mot : innover !
Au début des années 90, en collaboration avec Vorum, leader canadien en conception et fabrication assistée par ordinateur (CFAO) pour l’industrie orthopédique, Jean-Yves Flageul met au point un logiciel révolutionnaire de modélisation du corps humain. Fraiseuses numériques et scanners en 3D capables d’effectuer une saisie du corps, en quelques secondes et au millimètre près, vont révolutionner les process. Alors que traditionnellement la fabrication d’orthèses et de prothèses se fait à partir d’empreintes et de moules en plâtre, Jean-Yves Flageul introduit la mousse de polyuréthane, « un matériau certes plus coûteux, mais beaucoup plus léger et résistant ».
Esprit de famille
Cette approche high-tech et avant-gardiste va séduire les médecins prescripteurs et leurs patients, mais également les petits artisans, qui ne pouvant pas investir dans une telle technologie, sous-traitent la fabrication de leurs prothèses à l’entreprise Régnier. Aujourd’hui, l’activité professionnelle représente 40% du chiffre d’affaires de l’entreprise. Avec une progression annuelle de 3 à 4,5% depuis huit ans, Régnier Orthopédie rayonne grâce au mariage du savoir-faire et de la technologie moderne. Ici, rien n’est laissé au hasard, de la sublimation des corsets, qu’il faut rendre plus ludiques pour les enfants, jusqu’au recyclage des déchets.
En bon père de famille, Jean-Yves Flageul a toujours su préserver la force vive de son entreprise (20 salariés), qu’il n’a jamais sacrifiée au profit de la technologie. Avec son charisme et ses qualités humaines incontestées, le chef d’entreprise est devenu un référent en Europe. L’avenir ? « L’enjeu essentiel reste l’innovation, dans le but d’améliorer toujours plus le confort des personnes handicapées. Et puis, l’embauche de jeunes, qui assureront la pérennité de l’entreprise », confie Jean-Yves Flageul qui, à 60 ans, songe à passer la main.