Savez-vous qu’une bouteille consignée permet d’en sauver 20 à usage unique ? Et aussi d’économiser des tonnes de déchets d’emballages ? L’idée du retour de la consigne, c’est Jean Bouteille qui l’a eue ! Ou plutôt Gérard Bellet, le jeune fondateur de cette start-up au nom qui ne s’invente pas, installée au Mutualab à Lille. Son concept ? Associer deux modes de consommation écologique : la vente de liquides en vrac et la bouteille consignée et lavée, en circuit court. Jean Bouteille vient de terminer sa phase de test à Villeneuve d’Ascq chez Biocoop, leader français de la distribution alimentaire biologique et équitable. Il vise maintenant le marché français et même l’Europe. Un succès qui s’annonce fulgurant pour celui qui a reçu le prix Coup de Cœur du jury lors des Trophées de l’économie circulaire en juillet dernier, pour l’innovation, la cohérence et l’impact environnemental de la solution proposée.
Comment est née cette idée dans la tête de ce trentenaire natif de Compiègne, lillois d’adoption depuis trois ans ? « Durant mes voyages, j’ai observé le succès de la vente d’aliments secs en vrac, notamment en Inde où tout est réutilisé. Je me suis dis, pourquoi ne pas faire pareil avec du liquide ? ». Aussitôt dit, aussitôt fait. Jean Bouteille voit le jour dans le Nord il y a près d’un an et depuis on ne parle que de lui. Le principe est ultra simple : la bouteille est consignée 1 euro au client qui n’a plus qu’à se servir à la pompe, selon la quantité désirée d’huile, de vinaigre, vin, soda ou bière. Naturellement, tous les produits proposés sont issus de l’agriculture biologique. « La vente en vrac supprime les emballages et permet de réduire fortement les émissions de CO2 lors de l’approvisionnement, explique Gérard Bellet. Le lavage des bouteilles, qui peuvent être réutilisées en moyenne vingt-cinq fois, consomme moins d’eau que pour produire une bouteille neuve. Et puis, toutes les bouteilles sont nettoyées et stérilisées sur place par un procédé biodégradable. ». Ainsi, vous vous rendez dans un magasin équipé de fontaines, vous choisissez votre produit et la quantité désirée. Vous payez le liquide et la bouteille de manière séparée. Une fois terminée, vous rapportez la bouteille sale en magasin et récupérez votre consigne ou une bouteille propre pour continuer vos achats. La bouteille sale est apportée à la laveuse locale, installée à moins de 50 km du point de vente, dans un centre d’insertion par le travail. Ainsi, la laveuse de la métropole lilloise est installée chez Les Papillons Blancs à Lomme. Lavée, la bouteille est ensuite renvoyée au magasin pour y être revendue. Et ainsi de suite… C’est écologique et économique, que demander de plus ? Des sous, peut-être ?
Gérard Bellet a lancé le 3 octobre dernier une campagne de financement participatif sur Kiss Kiss Bank Bank, tout récemment labellisée plateforme de financement pour les projets de la TRI. Et Jean Bouteille est le premier projet de TRI sur la plateforme, leader du crowdfunding européen avec plus de 30 000 projets et plus de 20 millions d’euros collectés depuis sa création en 2010. Cette campagne doit permettre le financement de nouvelles laveuses dans d’autres régions. Car pour faire voyager les bouteilles le moins possible, il faut installer des laveuses un peu partout sur le territoire. Hors, une laveuse coûte 50 000 euros. Gérard Bellet s’engage à installer une nouvelle laveuse de bouteille à chaque palier de 5000 euros atteint. Cette laveuse sera installée là où il y a le plus de contributeurs.
Et il compte bien sur cette campagne pour faire découvrir Jean Bouteille à la France entière ! Gérard Bellet veut déployer son concept tous azimuts. Le premier appel à projets « territoires zéro gaspillage zéro déchet », lancé par Ségolène Royal en juillet dernier avec l’ADEME, dont l’objectif est d’engager 20 territoires volontaires dans une démarche exemplaire et participative de réduction, réutilisation et recyclage de leurs déchets, devrait permettre au jeune chef d’entreprise de proposer des solutions aux territoires impliqués. Gérard Bellet, qui annonce l’installation imminente de deux nouvelles embouteilleuses à Hazebrouck et à Bruxelles (dans un magasin 100% vrac), est également en discussion avec des boutiques dans les halles de Wazemmes et dans les magasins bio de la métropole lilloise pour y implanter Jean Bouteille. « Je ne suis pas un ayatollah de l’écologie. Pour moi, l’écologie doit être une question de bon sens. Et dans 20 ans, les décisions que nous prenons aujourd’hui auront du sens », conclut Gérard Bellet.
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