Créé en 2011 par Olivier Dion, Onecub est le référent français sur la portabilité des données. La start-up calaisienne touche à un sujet ultra-sensible : le contrôle de nos données ou comment les faire circuler d’un service à l’autre gratuitement, sans effort et en gardant le contrôle.
Racontez-nous ce qui vous a donné l’idée de créer Onecub …
Jeune ingénieur, alors que je travaillais sur les systèmes d’informations de grandes entreprises, j’ai constaté une certaine opacité en matière de traitement des données. Je me suis posé ces questions : comment mieux gérer les données ? Et surtout, comment donner à l’individu la maîtrise de ses données personnelles ? Les discussions sur le RGPD* ont démarré en 2012. Nous avons eu la chance d’y être associé ce qui nous a permis de comprendre très tôt notre marché. Un groupe de travail a été créé et la fondation FING, dont la vocation est de susciter une réflexion sur les usages de l’internet de demain, a lancé en 2013 la démarche MesInfos autour d’un projet de restitution des données à l’individu.
Le contexte de l’époque était compliqué : les entreprises voulaient garder la main mise sur les données par crainte de d’être désintermédiés. Ces comportements protectionnistes allaient à l’encontre de ceux des GAFA *qui, partant du principe que les usages sur les données en font la valeur, les faisaient beaucoup, voire trop, circuler. A l’été 2017, ayant suscité la curiosité de Facebook, nous avons eu la chance de pouvoir intégrer son programme d’incubation à Station F à Paris, ce qui a apporté une grande visibilité sur le développement de notre projet.
Quelle est la solution proposée par Onecub ?
Onecub est un outil de portabilité des données personnelles destiné aux entreprises et aux individus. Il concerne aussi bien les données nominatives personnelles (nom, adresse, numéro de téléphone, données administratives, etc.) que les données d’utilisation des services (données d’achat de biens et de services, de navigation, préférences, géolocalisation, etc.). L’outil permet à tous les utilisateurs de transférer leurs données personnelles à l’aide d’un bouton de n’importe quel service en ligne vers un autre. On peut ainsi exporter son historique de courses en ligne de produits alimentaires vers une application de coaching sportif ou une autre de recettes. Chaque utilisateur dispose ensuite d’un tableau de bord de la circulation de ses données qui lui permet de garder le contrôle de ses données personnelles en bénéficiant de l’historique des consentements accordés, avec la possibilité de les révoquer à tout moment depuis un endroit unique.
Ce sont les entreprises (les plateformes web) qui proposent la portabilité mais ce sont bien, toujours, les individus qui en font la demande. Onecub prend le consentement de l’utilisateur pour le transfert et la réutilisation de ses données d’un site à l’autre. Mais c’est l’individu qui transfère et active ses données. Notre business model est complètement b to b : nous prenons une commission sur l’échange de valeurs entre deux plateformes ainsi que des frais fixes sur chaque transfert de données. Nous ne stockons pas les données, nous les faisons circuler et nous les effaçons. Seuls les consentements sont conservés.
Quel est le lien avec l’IA ?
L’IA nécessite une grande quantité de données, les nôtres, pour fonctionner et nous fournir des services. La portabilité des données et le RGPD, dont l’objectif principal est de protéger les individus, permettent de développer une IA éthique : ainsi, l’individu fournit des données à l’IA et cela en tout état de cause, il ne subit pas. Ce modèle est aujourd’hui beaucoup plus vertueux que les modèles chinois et américain notamment. Le marché chinois est exclu, mais je pense que les États-Unis y viendront un jour…
* RGPD : Règlement général sur la protection des données, entré en application le 25 mai 2018. Il confère le nouveau droit à la portabilité des données : tout individu est désormais en droit de le réclamer auprès de tous les services en ligne.
* GAFA : Google, Apple, Facebook et Amazon