Stop aux clichés : travailler dans l’industrie aujourd’hui ne signifie pas forcément avoir les mains dans le cambouis. Les femmes qui rejoignent le secteur peuvent aussi bien être chef de projet, concevoir des machines ou élaborer un plan marketing. Portrait de Nathalie Renard, directrice marketing de Jeumont Electric.
« Jeumont a équipé dès les années 70 les sous-marins nucléaires d’attaque français. Ici, nous ne sommes pas dans la fabrication en série, nous fabriquons le Chanel du moteur », explique Nathalie Renard, directrice marketing de Jeumont Electric en nous guidant dans les allées de l’usine de cette PME sambrienne discrète mais très innovante. Ses mots, ses gestes dévoilent sans peine la passion de cette parisienne pour un secteur auquel elle n’était a priori pas destinée. « Je suis agrégée de philosophie. J’avais besoin d’un bagage pour assouvir mes envies de comprendre le monde, et cela m’a été d’une grande aide tout au long de mon parcours. La philo vous apprend à questionner et à réfléchir par soi-même, idéal quand il s’agit de reformuler un problème, de l’éclairer autrement et d’aller chercher des solutions là où les autres ne vont pas », explique-t-elle.
Guidée par la philosophie, perpétuellement en mode projet, Nathalie Renard a mené sa carrière tambour battant, gérant des situations stratégiques complexes. Son parcours débute en cabinet de conseil en stratégie marketing (Mediance). « J’ai démarré junior je ne savais rien faire. J’ai appris le métier grâce à mon patron ». En 7 ans, elle devient senior, manager puis associée. Elle rejoint ensuite le monde de la finance, pendant 10 ans : Sicovam puis Euroclear à Bruxelles. « Je suis arrivée dans des entreprises en mutation, à un moment où il fallait redéfinir quelque chose, réinventer une offre. Le fait de ne pas être formatée à 100% dans un moule m’a beaucoup aidée ». Puis cette envie de quitter un monde qu’elle trouvait très dé-réaliste : « La vraie vie pour moi a toujours été l’industrie ». Ce sera d’abord dans l’énergie électrique chez Converteam (ex Alstom) puis dans l’éolien chez Altawest, avant de rejoindre Jeumont Electric en octobre 2014.
Les femmes ont-elles une place dans l’industrie ? « Chez Jeumont, nous sommes 20 femmes sur 500 salariés. Parmi nous, il y a 7 bobineuses, les autres étant affectées aux fonctions support. Quand j’échange avec des femmes, l’idée de les faire revenir à l’usine n’est pas présente. Car on se bat d’avantage pour donner une place aux jeunes femmes dans les postes d’encadrement et leur permettre d’arriver plus vite dans les postes de direction où elles font merveille. Plusieurs femmes dans un comité de direction, ça fait bouger les lignes », confie Nathalie Renard. Engagée dans différentes associations pour « aider les femmes à trouver leur chemin dans ce monde difficile », elle s’apprête à rejoindre la branche française de l’International Women Forum.